Fête du 8 mars à Kongoussi

L’AFD SongManegre œuvre pour l’autonomisation des femmes – aussi pour que les sexes des filles du département de Kongoussi restent intacts

Au début, l’AFD faisait un peu comme tout le monde qui s’engage contre la pratique de l’excision : on se faisait former en techniques de communication (IEC/CCC) et en matière d’excision et on a sensibilisé dans les villages, a fait des discours, des présentations sur les effets néfastes de la pratique, on a montré des vidéos, s’il y avait assez d’argent on a organisé un théâtre forum, on faisait du porte-à-porte, on faisait surtout discuter les gens, on les faisait réfléchir. Fondé au début des années 2000 (récépissé de 2002) et active contre l’excision depuis 2003, l'Association Féminine pour le Développement SongManegre (AFD) n’a jamais perdu le contact avec ses racines – à Nanne, joli petit village entouré de collines à 5 km de Kongoussi (direction de Ouahigouya) et dans la capitale du département de Kongoussi même.

L’AFD a d’abord fait ses preuves à la maison – avant d’étendre ses activités, pas à petit pas, aux villages voisins et finalement à tous les villages de la commune. Pour soutenir les formatrices et formateurs de l’AFD, on a mis en place des «relais villageois» – un homme, une femme – dans toutes les communautés – ce sont des volontaires, la seule chose qu’on a donné était un vélo à chaque femme relais pour qu’elle puisse se déplacer plus facilement. Et puis ce n’était plus assez et on a ajouté des «clubs de (dix) femmes» dans tous les villages. La force de l’AFD, c’est cet enracinement local – et c’est l’engagement de ses responsables et ses membres.

On avait jeté une bonne base. Mais on s’est rendu compte que ça ne suffisait pas. Les femmes avaient beau se débattre pour leurs nouvelles convictions –on ne les écoutait guère. Il fallait une approche plus holistique. Pour donner plus de poids aux paroles des femmes – aux femmes tout court, aux femmes de l’AFD, aux femmes engagées contre l’excision – on a mis en place des fonds de microcrédits (minuscules, mais c’est déjà ça d’atteint) pour les 63 clubs des femmes de la commune de Kongoussi. Une femme par club a été formée en gestion de microprojets. Et chacune des 630 femmes est maintenant cheffe d’un (très petit) projet entrepreneurial – dans l’agriculture, l’élevage ou le commerce. Pas mal d’entre elles ont mis leurs fonds ensemble et font tourner un projet commun. Nous approchons la fin du deuxième cycle (annuel) de microprojets/microcrédits. Ça marche à merveille. A part l’insuffisance des fonds disponibles, il n’y a pas de problème. Et je vous assure que ce ne sont plus les mêmes femmes – une cheffe d’entreprise, une gérante de microprojet, soit-il minuscule, s’assume – et on la respecte, sa voix compte.

C’est comme si on avait voulu devancer le Ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale et de la Famille qui a, pour cette année, choisi «Entrepreneuriat agricole des femmes» comme thème de l’édition burkinabè de la journée internationale de la femme. Le samedi 19 mars 2016, l'Association Féminine pour le Développement SongManegre (AFD) a donc fêté la journée internationale de la femme, en décalée, dans la Maison de la Femme de Kongoussi et jusque devant le Haut-Commissariat du Bam. Regardez le photo-reportage de cette célébration bien réussie.

(Dans l'original, suivaient beaucoup d'autres photos de cette célébration du 8 mars 2016 à Kongoussi)