30 octobre 2021

Burkina Faso : 900 terroristes présumé.e.s en prison – «les personnes suspectées d’acte ou de financement du terrorisme peuvent être interpellées puis maintenues en détention provisoire pendant toute la durée de l’instruction». La justice antiterroriste peine à progresser – manque de moyens, manque d’interprètes, manque de magistrats... Le 9 août, 5 terroristes ont été condamnés dans un procès avec un dispositif sécuritaire exceptionnel (et cher) – une première. Une brève interview avec Abou Fadima, condamné à 20 ans de prison ferme. Et avec une de ses victimes. Et avec un des peu de juges spécialistes du terrorisme. Et avec une maman qui rend visite à son fils arrêté. Ce n’est pourtant pas tout le monde qui sait où se trouve leur disparu.e, même si, en principe, la famille a le droit de savoir. En plus, «(d)epuis 2015, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a enregistré 700 cas d’exécutions extrajudiciaires.» Et puis il y a ceux et celles qui sont arrêté.e.s sur fond de stigmatisations de leur appartenance ethnique, les peulh – victimes d’exécutions sommaires, d’arrestations arbitraires, de détentions sans jugement… Et si quelqu’un.e est relâché.e, pas de mesure de réinsertion – comme il n’y a pas de déradicalisation non plus. Parfois, pour les villageois.es, la justice charia des terroristes est plus crédible que celle des militaires.
4 longs mais intéressants articles de Le Monde Afrique.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/10/25/au-burkina-faso-les-juges-debordes-par-les-violences-djihadistes_6099846_3212.html
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/10/26/je-ne-crois-pas-en-la-justice-abou-fadima-premier-djihadiste-condamne-au-burkina-faso_6099976_3212.html
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/10/27/je-n-ai-jamais-su-pourquoi-mon-fils-a-ete-arrete-au-burkina-la-detresse-des-familles-de-prisonniers_6100120_3212.html
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/10/28/des-bombes-a-retardement-au-burkina-faso-d-anciens-detenus-relaches-sans-aucun-suivi_6100242_3212.html

Burkina Faso : Kemi Seba a été expulsé du pays sans que des raisons aient été données. Kemi Seba se trouvait au Burkina dans le cadre d’activités anti-néocolonialistes et contre la présence militaire française au Sahel. De quoi les autorités burkinabè ont-ils peur ?
https://www.jeuneafrique.com/1259347/politique/burkina-faso-kemi-seba-expulse-avant-une-manifestation-contre-la-presence-francaise-au-sahel/

Sahel : Les Etats-Unis «ont engagé des ressources supplémentaires» pour soutenir la France contre les terroristes au Sahel. Biden et Macron annoncent aussi que «(l)a France et les États-Unis rechercheront les moyens d’accroître le soutien multilatéral au G5 Sahel» ce qui pourrait vouloir dire que Washington va s’employer à placer la force G5 Sahel sous le chapitre 7 des Nations unies. A la différence de Trump, Biden ne parle plus de retirer ses troupes (qui «apportent un appui à la logistique, au renseignement et à la formation des forces africaines de défense et de sécurité») du Sahel.
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20211030-sahel-les-%C3%A9tats-unis-engagent-plus-de-ressources-face-au-terrorisme

République Centrafricaine : A la suite des conflits et de Covid, les prix montent pendant que les récoltes sont mauvaises et les revenus baissent. Selon la Banque mondiale, à peu près 70% de la population vivra dans l'extrême pauvreté en 2022. Selon OCHA (le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies), 63% aura besoin d'assistance humanitaire en 2022, 2 millions même un besoin aigu d'assistance.
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20211029-centrafrique-63-de-la-population-aura-besoin-d-assistance-humanitaire-en-2022-selon-l-ocha

Batoula : Le centenaire de ce roman de René Maran fête en même temps la naissance de «la littérature négro africaine». Le roman raconte l’histoire d’un chef dans l’Oubangui-Chari qui «assiste impuissant à la dislocation de sa nation mise en coupe réglée par des ‘blancs frandjés’ (…) et à la décimation des autochtones condamnés à des travaux incessants et non rétribués». Basé sur les 13 ans d’expérience de l’auteur dans l’administration de la colonie, ce roman est une bombe parce qu’ouvertement anti-colonial. Malgré son prix Goncourt, Maran en a fait les frais, il a été contraint de démissionner de l’administration coloniale. Il a écrit d’autres romans, dont ‘Un homme pareil aux autres’ que Frantz Fanon analyse dans son ‘Peau noir, masques blancs’.
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/chemins-d-%C3%A9criture/20211030-la-bombe-batouala-de-ren%C3%A9-maran

Sénégal : L’érosion côtière menace particulièrement l’Ile de Diogué dans l’embouchure du fleuve Casamance – en 10 ans, cette petite île a perdu 15ha. Les habitant.e.s de l’île ont utilisé une méthode douce et peu coûteuse pour regagner une partie de ce qui était perdu et pour protéger ce qui est menacé : des barrages en épis : «On plante plusieurs dizaines de piquets sur les zones à risque, aux pieds desquels on tresse des feuilles de cocotier ou de palmier pour permettre une sédimentation au passage des marées». Après, il faut l’entretien, faut remplacer les piquets abîmés.
Au sud de Saint-Louis, sur la langue de Barbarie, une autre méthode a été développée, celle des «typhavelles» : des barricades sont «créées à partir de typhas – des plantes aquatiques qui pullulent dans le fleuve Sénégal» «pour favoriser la fixation du sable». Après, il s’agit de reboiser.
Les corniches à l’est et à l’ouest de Dakar, leurs falaises sont d’ailleurs aussi menacées.
https://www.jeuneafrique.com/1258418/societe/senegal-une-ile-cristallise-les-enjeux-de-la-lutte-contre-lerosion-cotiere/

29 octobre 2021

Congo-Kinshasa/Burundi/Rwanda : Une commission spéciale a examiné la colonisation belge au Congo, au Rwanda et au Burundi et vient de remettre son rapport de 689 pages au parlement. Que des horreurs. Un système basé sur le racisme, la violence, la brutalité. Le rapport se penche aussi sur la question des réparations.
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20211029-belgique-les-experts-rendent-un-rapport-accablant-sur-le-pass%C3%A9-colonial-du-pays

Tchad : Le CMT voudrait que les groupes politiques d’opposition et groupes rebelles – ‘groupes politico-militaires’ – participent au dialogue national inclusif. Pour les convaincre, des rencontres ont été organisées depuis le 18 octobre au Caire et à Paris. Les discussions avec CCMSR, l’UFDD, Fact et autres se seraient bien passées. En amont du dialogue national inclusif, les groupes politico-militaires demandent des consultations dans un pays tiers et sous médiation internationale. Les autorités de transition auraient donné leur accord. Mais comme précondition, les groupes politico-militaires demandent une amnistie générale et la libération des prisonniers politiques.
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20211029-tchad-les-autorit%C3%A9s-amorcent-des-discussions-avec-des-groupes-rebelles-et-politiques-d-opposition

Guinée : Une délégation de haut-niveau de la Cédéao est à Conakry aujourd’hui vendredi et demain pour soutenir les autorités de la transition, «pour mener à bien et dans les meilleurs délais la transition». La Cédéao avait appelé à des élections dans les six mois.
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20211029-guin%C3%A9e-une-d%C3%A9l%C3%A9gation-de-la-c%C3%A9d%C3%A9ao-en-visite-pour-accompagner-la-transition